Notre poids influence-t-il la durée de notre vie ?

Par le Pr Jean-Jacques Houben, président du Conseil scientifique dietplus

Partons à l’exploration des liens entre le poids corporel et l’espérance de vie. Dans cet article, il sera question des mécanismes du vieillissement cellulaire. Ainsi que des conséquences du surpoids et de l’obésité sur la santé, notamment en termes de détérioration de l’ADN. La bonne nouvelle, c’est que, grâce à l’alimentation, nous avons, au moins en partie, notre destin en mains !

La vie se conclut inéluctablement par la mort. La question du vieillissement (ce qu’on appelle, biologiquement, la sénescence), taraude l’Homme depuis toujours.

Notre capacité particulière de prendre conscience de notre existence conduit à nous interroger puis à tenter de connaître notre destin. Jusqu’à quel âge notre espèce peut-elle vivre ? Et en tant qu’individu, quelle est mon espérance de vie, si possible en bonne santé ?

Depuis plusieurs siècles, l’être humain cherche à améliorer la vie par la médecine et la connaissance en général. Et depuis quelques années, la recherche tente de percer les mystères de la sénescence cellulaire et les libertariens de la Silicon Valley de devenir immortels.

Peut-on considérer l’impact de notre poids sur l’espérance de vie ?

Les épidémiologistes analysent l’espérance de vie selon plusieurs facteurs indiscutables.

On vit plus longtemps :

  • sans accident, sans maladie, sans guerre ;
  • en travaillant plutôt intellectuellement, sans stress, dans un environnement domestique confortable ;
  • sans tares génétiques ;
  • heureux et abouti socialement ;
  • et, enfin, entouré de structures médicales performantes incluant la prévention.

Les biologistes, et les généticiens surtout, commencent à appréhender certains mécanismes du vieillissement. Citons en quelques-uns en simplifiant les concepts.

  1. De la conception de l’embryon à la fin de notre croissance, nos cellules, primitivement omnipotentes (c’est-à-dire capables d’exprimer tous les gènes portés par l’ADN), se différencient. Chaque cellule se spécialise et ne peut plus produire un autre type cellulaire. Certaines cellules-souches survivent, comme celles qui produisent le sang ou nos gamètes (cellules reproductives, produits dans les testicules chez l’homme et les ovaires chez la femme).
  2. Deuxième concept essentiel. Lors de chaque division cellulaire, l’ADN dont être recopié parfaitement. Et, si une erreur survient, il doit se réparer. Or, avec le temps, l’arsenal de réparation des chromosomes se raccourcit. Plusieurs altérations chimiques alors modifient nos gènes, les empêchant soit de se reproduire correctement (réparation) soit de se comporter correctement (tumeur cancéreuse).
  3. Autre phénomène essentiel, la capacité à lutter contre les infections et à réguler la surveillance des déchets de l’organisme. Les altérations de l’immunité acquise grâce à la mémoire des infections passées ou à la vaccination réduisent nos défenses.

Comment influer sur le cours des choses ?

De nombreux comportements favorisent la sénescence cellulaire. Certains échappent souvent à l’individu (pollution, toxicité alimentaire, épidémies, hérédité défavorable, cancers familiaux…). Mais d’autres dépendent essentiellement de nous : l’activité physique, l’entrainement intellectuel, une alimentation saine et variée… et le contrôle du poids qui évite les conséquences majeures sur la santé.

Le surpoids et l’obésité entraînent notamment des conséquences catastrophiques sur la détérioration de notre ADN. Citons-en 5 :

  • La production de radicaux libres (molécules instables et réactives) accentuant le stress oxydatif qui brise des chaînes d’ADN
  • La production de médiateurs de l’inflammation empêchant les réparations
  • Les dérèglements hormonaux divers entrainant des mutations parfois oncogénes (cancers)
  • La méthylation (sorte de « petite étiquette chimique » pouvant activer ou désactiver les gènes) de l’ADN
  • La surcharge fonctionnelle, que le surpoids occasionne sur nos organes vitaux tels que le foie, le pancréas, les articulations… exige un renouvellement cellulaire accéléré pour réparer. Or chaque mitose (division cellulaire) nous rapproche de la « fin » !

Une alimentation anarchique ou déséquilibrée entraîne donc trois conséquences majeures :

  1. Un apport de nutriments, de vitamines et d’oligoéléments inapproprié qui stresse notre organisme
  2. Une surcharge pondérale qui nuit nos organes et les oblige à réparer les dégâts
  3. Une altération ininterrompue de notre patrimoine génétique.

L’espérance de vie est donc sévèrement raccourcie par le surpoids, mais celui-ci malmène notre santé bien avant la fin de vie.

En d’autres termes, un organisme en surpoids vit moins bien et moins longtemps.

Retenez que 10 kg d’excès de poids correspondent à une perte d’1 année d’espérance de vie et de 4 années en bonne santé. Faites vos calculs !

Tant que les génies génétiques n’auront pas découvert la « pilule de jouvence », nous n’avons qu’une option : manger sainement et se faire aider lorsque l’on a perdu « le fil » !

Le présent article a été rédigé sur la base de données et informations à portée scientifique collectées, sélectionnées et approuvées par notre comité scientifique. Il a pour objet de fournir une lecture de données scientifiques et n’a nullement vocation à établir un diagnostic médical, ni à remplacer l’avis d’un professionnel du secteur médical. Les informations qu’il contient constituent des présentations de conclusions issues d’examens de données qui ne doivent pas être considérées comme pouvant s’appliquer automatiquement et individuellement aux personnes présentant des troubles médicaux similaires. Nous invitons bien évidemment nos lecteurs à poursuivre leur réflexion et à soumettre leurs questions à leur médecin traitant ou à tout autre professionnel du secteur médical.

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